Le Frelon Asiatique – Vespa velutina nigrithorax 

Premièrement notre structure a cru au piégeage dès les premiers instants puisque nous l’avons testé à grande échelle sur plusieurs territoires de 2014 à 2018. Apiculteurs, mairies et communautés de communes ont participé à cette expérimentation qui a mobilisé en son temps des centaines de personnes et nécessité l’achat de milliers de pièges.

Après des phases comparatives entre territoires piégés et non piégés, les résultats escomptés n’ont jamais été probants et le piégeage a été abandonné progressivement. Les recommandations du Muséum National d’Histoire Naturelle (MNHN) se sont donc révélées exactes.

• Piégeage collectif en Ille-et-Vilaine, les raisons qui ont motivé l’arrêt :

Après comparaison, l’évolution annuelle du nombre de nids de frelons asiatiques varie exactement de la même manière sur les territoires piégés et ceux qui ne reçoivent aucun piège ;

• Le suivi des pièges et du réseau de piégeurs bénévoles devient chaotique dès la deuxième année ;
• Aucun contrôle des actions conduites sur le terrain n’est possible en termes d’intensité et de pratiques ;
• L’argument habituel indiquant un frelon capturé = un nid en moins ne tient pas puisque dans une petite commune de 500 habitants, nous sommes parvenus à capturer près de 1000 frelons en avril et mai. Dans cette commune qui connaît chaque année entre 5 et 15 nids (avec ou sans piégeage), en aucun cas il n’y aurait eu 1000 nids de détectés ;
• Le manque de sélectivité des pièges peut impacter fortement l’entomofaune et notamment une multitude de pollinisateurs, donc potentiellement aussi dangereux pour la biodiversité que le frelon asiatique lui-même.
• Les statistiques affichent un cycle variable de prolifération pouvant varier annuellement de 200 à 250% en positif comme en négatif. Cette variation apparaît comme totalement liée aux conditions naturelles et météorologiques faisant que les années favorables au frelon asiatique le sont aussi pour les autres insectes.

En Ille-et-Vilaine, le nombre de foyers traités varie de 3000 à 8000 chaque année avec un cycle alterné tous les ans depuis 2015.

Le nombre de reines fondatrices ayant survécu à l’hiver présent dans l’environnement en sortie d’hiver est énorme et sous-estimé. Fort  heureusement la plupart d’entres elles mourront sans parvenir à fonder une colonie à cause de conditions naturelles comme la concurrence entre femelles fécondées, le parasitisme et les conditions météorologiques.

En matière de lutte contre le frelon asiatique il faut donc conserver beaucoup d’humilité. Le piégeage collectif n’a pas donné les résultats espérés, il ne faut donc pas hésiter à le remettre en question.

La destruction systématique des foyers détectés n’est pas une solution parfaite en soit puisqu’elle n’impacte pas non plus le nombre de nids à venir l’année suivante, cependant elle permet de diminuer considérablement la pression du frelon sur notre environnement et de limiter le risque de piqûres en supprimant les colonies en cours de développement. Si les foyers n’étaient plus détruits au fur et à mesure de leur découverte, notre environnement serait saturé de frelons asiatiques de septembre à mi–novembre avec tous les impacts que l’on connaît.

Une forme de piégeage doit cependant être maintenue et développée, c’est le piégeage de masse réalisé avec des pièges spécifiques autour des ruchers par les seuls apiculteurs permettant d’abaisser la pression autour des ruches.

En Ille-et-Vilaine, la politique « un nid découvert = un nid détruit » est rendue possible grâce à une mobilisation exceptionnelle des collectivités locales (Conseil départemental, communautés de communes et communes) qui assurent localement tout ou partie des coûts de destruction. Lorsque la destruction reste à la charge des particuliers seuls 2 nids sur 10 sont traités. Idéalement il faut miser sur la détection précoce des nids pour améliorer l’efficacité globale.

Avis scientifiques à consulter sur le site du MNHN Frelon Asiatique » Piégeage de printemps 2021 (mnhn.fr)………